S’emmerder en classe
Oui.
C’est
d’ailleurs un des grands objectifs de l’école, s’emmerder poliment.
Catégorisons
un peu, après tout je travaille pour moi et donc comme je veux, non ?
1. Nicolas :
comprend, apprend, transfère etc. il mobilise ses fonctions mentales en
permanence mais pas forcément pour les matières enseignées à ce moment là, sa
ZPD (Zone Proximale de Développement... et ouais, moi aussi quand j'veux j'me la pète !) a dépassé le cadre de la classe depuis un bon moment et il prend de
l’avance tout seul. Il participe aux activités comme à un jeu, il a compris le
système, on le fait chier maintenant, plus tard ce sera son tour. La
compétition peut le motiver, la difficulté l’amuse, quoique tu fasses il sera
toujours un bon élève.
2. François :
le Graal des enseignants, il apprend à ton rythme, pas au sien, il sait lire le
livre jusqu’à la page 25 quand on en est à la page 23. Chaque jour il apprend,
construit, découvre et progresse. Quand il termine son travail (pas trop vite
et pas trop juste) il prend un livre ou fait un dessin. Il s’emmerde en silence
sans que ça se voie, plus tard il sera enseignant par vocation.
3. Kévin : apprend à son
rythme, mais pas ce qu’on lui enseigne, et ça c’est pas du jeu. Il compte les
carreaux par terre, a repéré toutes les lézardes du mur attend la récréation en
tapant des pieds, rigolant avec ses voisins ou en se faisant oublier.
Le chahut est donc provoqué par les
catégories 1 et 3 qui ont le plus de temps de s’ennuyer, les 1 parce qu’ils ont
fini et auront de toute façon une bonne note, les 3 parce qu’ils ne savent pas
faire ce qu’on leur demande et s’en foutent.
Ton travail ami enseignant consiste alors à éduquer
ces deux catégories en leur apprenant à s’emmerder poliment sans perturber le
ruminement cognitif de la masse ovine de leurs petits camarades…