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22 juin 2014

La manufacture des âmes d’élites

1-     Plantons le décor…

Petit garçon, je plongeais avec délice dans le catalogue de Manufrance : la manufacture des armes et cycles de Saint-Etienne. Curieusement, je ne trouvais cette littérature que chez mon grand-père, dans les toilettes.  

J’avais demandé à Grand-Père la signification du mot « manufacture » qui me semblait bien mystérieux, il m’avait simplement répondu : « aaaaaaaaaaaaaaaaaargh…. » ce qu’il disait souvent quand je piétinais par inadvertance son tuyau d’oxygène car il était peu patient. Il avait tout de même rajouté « c’est une fabrique ! on y fabrique les objets à la main ! et remets immédiatement ces couverts en argent où tu les as pris ! Re-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh ! »

Parfois, le vieil homme me manque.

Bref, manufacture du latin manufactura, fait à la main. Il n’en reste plus guère qu’en Asie du sud-est où on a su se préserver de l’invasion des machines afin de donner de saines occupations à de jeunes enfants pré pubères qui sinon seraient obligés de se prostituer auprès d’une clientèle composée de vieux messieurs teutons ou du nord de la France…

Mais si on y réfléchit 2 secondes, une école n’est-elle pas une manière de manufacture ? Hein ? alors là d’un seul coup il dit plus rien le lecteur, habitué qu’il est de venir chercher son lot de médisances et d’humour de bon aloi ! Il se tient coi tout soudain : et si Superrééduc ne racontait pas que des conneries ?

Je te rassure, ça vient…

Bon, on dirait que j’ai raison et que les écoles c’est comme qui dirait des manufactures, je m’en vais vous narrer la nôtre…

Des profs de la petite section à la terminale, plus de 2000 clients de 3 à 18 ans, un Grand Manitou et des sous-chefs, des sous sous-chefs, des petits chefs, des responsables de commissions, des sous responsables de commissions, à ne pas confondre avec les responsables de sous-commissions eux-mêmes supervisés par un sous-superviseur… Un conseil de cycle toutes les trois semaines, deux conseils de niveau tous les quinze jours, des conseils extraordinaires réguliers et une régulation interne annuelle. Une évaluation annuelle administrative soumise préalablement à une auto évaluation formatrice, mais pas que.

L’administration de l’Usine n’a rien à envier à celle de Saint-Etienne et les secrétaires, que dis-je ! les assistantes, se retrouvent affublées de qualificatifs ronflants de responsable administratif de la sortie des bus en climat humide et elles en sont super fières et redressent le buste telles les dames qui se vêtaient si peu au rayon lingerie de Manufrance, vous ai-je déjà dit comme j’aimais ces catalogues ? et voilà : je m’égare encore…

C’est quand même quelque chose : tu prends des gaulois, tu les rassembles et tout de suite ils te re fabriquent une administration française cocorico, avec formulaire B46, horaires à respecter et tout et tout : même les murs se teintent en beige pâle ou en un camaïeu de vert dégueulis.

 Au-dessus de Manitou, y a une ambassade de France, au-dessus de l’ambassade y a le président de la République Française : c’est pas de la merde ça comme chaine hiérarchique, hein ? Ça veut dire que Superrééduc y peut dire direct à Hollande comment faire son métier ! Carrément ! Ou presque… m’enfin il pourrait si il voulait… m’enfin si ça se trouve, y aurait moyen de…

Bon d’accord…

Bon y a des échelons de ci delà, genre l’AEFE (Agence pour l’Elevage des Français à l’Etranger) : c’est un petit biotope fort curieux ou poussent en liberté les IEN et autres conseillers occultes( mais pas seulement ) sous le regard bienveillant du Quai d’Orsay, nous avons d’ailleurs dans notre zone  un inspecteur (qui mérite à lui seul une chronique) et moult conseillers pédagogiques aussi pompeux importants et inutiles que dans mon ancienne circonscription : c’est peu dire…

Dans notre doux pays d’accueil, que nous nommerons le Banquistan, histoire d’être discret et de respecter une réserve professionnelle que j’ai gravée en moi comme les cicatrice de bubons sur un pesteux survivant, dans ce pays d’accueil donc, s’expatrient un certain nombre de français avides de soleil et de chaleur et pour qui les semaines de 70 heures constituent le minimum syndical. Ils y viennent pour gagner beaucoup de sous, scolariser leurs enfants dans une école sans arabes, bien fréquentée, permettre à leur épouse de gouter un  « repos bien mérité » en prenant une bonne à demeure et un amant en ville à des tarifs défiant toute concurrence.

Ainsi nous recensons plus de banquiers et de chercheurs au mètre carré que l’école « Karl Marx » à la Courneuve, et beaucoup moins d’ouvriers du bâtiment que « Saint François l’ami des enfants » dans le XVIème.

Nous sommes une école privée, de tout sauf de moyens, et donc la notion de service public et les leçons de morale républicaine à la Superrééducateur, je me les suis mises dans ma culotte où elles se développent doucement dans la moiteur qui m’habite, je vous ai dit qu’il faisait chaud.

Tout est donc réuni pour qu’il n’y ait nul besoin de votre serviteur…

Dans ce désert, une oasis : « Super et ses Superettes », j’ai nommé le GAGA Groupe d’Aide aux Gamins Abimés. Contrairement aux RASEDs qui sont une épine dans le pied des circonscriptions et qu’on cache plus ou moins, le GAGA est exposé dans la vitrine de notre SuperEtablissement comme un objet précieux : c’est un appel fort aux entreprises qui dit « recrutez qui vous voulez et on s’occupe du reste ! » On a tout un service, quasi un RASED en mieux ! Et on a un budget, des moyens, et des problèmes de salle histoire de quand même pas trop prendre le melon.

Et oui : on est bien payés !

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