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superrééduc
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12 avril 2009

Mais qui est vraiment Superrééducateur 5- Le Deutéronome

"La Sonnerie du Collège, en tout temps tu respecteras."
"Au Très Bons et Très Saint Règlement, tu te plieras"

L'année avait pourtant bien commencé, les appréciations flatteuses se succédaient sur mes copies, des notes à l'avenant, j'avais rejoint le club de judo local afin de me prendre des peignées plus souvent et sans que mes tortionnaires fussent punis, sous le regard judicieusement noir du Senseï local...

Je me socialisais et apprenait "l'ajustement des conduites émotionnelles" comme on dit maintenant quand on est un pro et je vous rappelle que j'en suis un, non mais, quand même, il serait grand temps d'instiller de la culture et de la science dans ce blog... Aaaaaaargh, sors de ce corps Sigmund !!!

Bref, j'étais gentil tout plein, vaguement amoureux d'une frisottée qui me snobait mais m'autorisait à lui porter son cartable et à lui filer mes bonbecs.

Le fils idéal..

Jusqu'au jour fatidique de la réunion parents profs.

Ce jour là, mes parents s'étaient fait beaux, comme à l'habitude, ils s'en venaient ensemble recevoir leur brassée de louanges et comment qu'ils l'avaient bien élevé leur rejeton, et comment que l'école de la république avait su repérer et former une de ses futures élites de la recherche fondamentale pour Père... et comment que les prières incessantes de mère avaient accouché du nouveau messie rien de moins. Toujours pas de basilique pour moi, mais mes parents avaient déjà commandé les plans.

Ils venaient donc en toute confiance recevoir leur dû : les compliments sans mélange de professeurs béats d'admiration tellement fiers d'accueillir en leur classe le ce mélange d'Einstein et de Gandhi. Père bombait le torse, l'air de rien, il demandait des nouvelles de ses anciens élèves mais pour de vrai, il voulait juste qu'on lui dise du bien de MOI... Mère, plus modestement jetais des regards discrets aux parents apeurés sachant qu'elle ne craignait rien, mon auréole la protégeait des contingences bassement matérielles et de la vindicte professorale.

La prof de math avait en permanence vissé sur le visage le rictus enjoué du pitbull mono maniaque, les dents jaunies par les gitanes papier maïs, son visage semblait tout droit sorti d'un cours de géométrie, dessiné par Picasso et colorié par Cartier Bresson.

Elle regarda s'asseoir mes parents en souriant puis, en détachant bien chaque mot, elle leur déclara doucement : "Votre fils ? Mais madame, c'est un affreux jojo !"

Bon, là tout de suite en écrivant, je me dis que c'est pas terrible, mais à l'époque c'est un tsunami qui s'abat sur les godasses de mes concepteurs, une pluie de grenouilles, un orage de sauterelles, bref les sept plaies d'Egypte... " Mais comment ? mais vous devez confondre ? Mais il a toujours été poli ? gentil ? " Mère en tremblait, elle avait sorti un rosaire vite fait et enfilait des "je vous salue Marie" en boucle histoire de prendre un peu d'avance sur l'exorcisme qu'il allait falloir pratiquer incessamment sous peu... Quant à Père, il se drapait dans sa dignité outragée, grandissant à vue d'oeil, il me fusillait du regard, oublieux de son enfance à pécher les canards du voisin pendant la sieste, amnésique des nombreuses conneries de sa propre scolarité : le républicain se sentait pousser des ailes d'archange vengeur, on allait voir ce qu'on allait voir...

Le reste de la visite se passa comme dans un de ces rêves pâteux d'où l'on ne peut s'extraire "bavard, agité, insolent...", putain, ils s'étaient donné le mot ou quoi ? seul le prof de dessin (à l'époque on n'avait pas encore élevé au rang d'Arts Plastiques les miteux dessins à la perspective approximative des collégiens) trouvait un certain humour à mes "productions" (essentiellement des caricatures de la prof de math sur les tables) il faut dire qu'il picolait sévère et qu'on l'avait en fin de journée...

Quelques profs rajoutaient bien que mes résultats ne semblait pas en souffrir, à leur corps défendant d'ailleurs, ils eussent compris qu'un cancre devint insupportable ils n'admettaient pas qu'un bon élève les fit chier de la sorte...

Le retour à la maison dans la GS break qui sentait le chien mouillé se fit dans un silence qu'on qualifiera de pesant car c'est l'expression consacrée, mais c'est à peine suffisant pour qualifier l'atmosphère pour le moins délétère qui  suintais à travers tous les pores de Père et Mère qui enchaînaient en silence leurs gitanes histoire d'alourdir encore un peu l'ambiance... J'osais à peine respirer et commençais à imaginer ma future scolarité en maison de correction où les parents désespérés abandonnaient leur progéniture délinquante afin qu'ainsi exposé à la vindicte populaire ils expiassent leurs péchés sous les coups de fouets d'éducateurs garde chiourmes sévères mais justes qui allaient me remettre dans le droit chemin...

Moi qui n'avais à cet instant aucun mal à imaginer une bonne dizaine de stratégies pour me venger de la prof de math j'étais bugué !J'attendais l'engueulade qui ne se décidait pas à venir.

Je ne me souviens d'ailleurs plus de ce qui s'est passé ensuite...

La semaine dernière c'était la réunion parent prof au collège de MiniSuper, mon ainé. "Bavarde et manque d'attention" qu'ils disent sur le bulletin ! p'tit con va !



J'ai pas osé y aller.

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Commentaires
S
Ben en fait si on y va pas, je me dis qu'ils s'en foutent les profs, suffit de me rappeler quand j'avais une classe...
V
Jusqu'à un passé très récent, ces réunions parents/profs étaient une torture que j'essayais (parfois et même souvent réussissais) à éviter. Mais il m'a quand même fallu m'y rendre seul un soir que ma moitié avait lâchement une réunion inratable... Tu parles ! Il reste vrai qu'à deux ça passe mieux.
C
Ben tu sais à Auchan ils prennent pas n'importe qui ;)<br /> Pour la mention c'est la seule fois où j'étais contente de l'avoir eue, à l'époque je me contentais juste d'avoir décroché ce diplôme tout en bossant ;)
S
Cécile : pourquoi ? ils t'ont pas voulue chez Auchan ? :-) <br /> ...'fin j'dis ça, jamais eu de mention moi...
M
Non mais quelle tache celui la... en plus la question pleine d'un mépris de classe, brdl, plus nul tu meurs.
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